Les femmes et les étrangers pendant la guerre de 1914-18
Conférence de Gabriel MAS
lundi 19 novembre 2018
par FORAISON Christiane


Les femmes ont joué un très grand rôle pendant la guerre de 1914-18. Pendant quatre ans, elles ont dû remplacer les hommes partis à la guerre dans de nombreux domaines qui auparavant leur étaient étrangers. Des femmes réfugiées de Belgique, d’Allemagne, d’Autriche sont venues se joindre aux Françaises. Les Allemandes et les Autrichiennes étaient dans une situation dramatique : puisqu’Allemands et Autrichiens étaient considérés comme des espions « coincés » en France. Certaines voyageaient parfois de nuit, d’autres étaient internées dans des camps de concentration. La Pologne était divisée à cette époque et les Polonais étaient eux aussi enfermés dans le camp d’Angers. Le fondateur d’ATD Quart Monde, Joseph Wresinski, est interné dans ce camp et sa sœur est morte de faim.

Joseph WRESINSKI

Les Françaises sont employées principalement dans l’agriculture et ouvrières dans les usines d’armement. Une minorité profite de la guerre mais la plupart souffrent. Le gouvernement leur attribue une allocation de 1, 25 par jour plus 50 centimes par enfant. L’allocation militaire n’est pas très grosse.

Par contre, les salaires sont meilleurs qu’avant guerre et de nouvelles professions apparaissent : Infirmières recrutées par la Croix-Rouge, infirmières militaires, religieuses infirmières, conductrices dans le service automobile de l’armée. Dans les services publics, elles prennent la place des hommes comme conductrices de trams et sont payées comme les hommes. Dans le métro, elles sont affectées au contrôle, au poinçonnage, au nettoyage mais sont moins payées que les hommes. 7000 femmes travaillent dans les chemins de fer. Aux PTT, 11 000 en remplacent 18 000. Les classes de garçons sont données aux femmes. Elles deviennent vendeuses de fourneaux, maréchale ferrande, bouchère … 50 000 ouvrières étaient employées en 1915, 430 000 en 1918. L’usine Citroën crée une crèche.

Les conditions de travail sont très dures. La prostitution liée à la présence de soldats augmente et des maisons de tolérance sont installées dans les zones contrôlées par l’armée mais elles sont soumises à des règles très précises avec des visites sanitaires et une carte de travail.

Les prostituées clandestines, épouses de soldats mobilisés, veuves de guerres, malades, très pauvres, sont chassées et sont regroupées à l’hôpital de Nanterre.

Un cas particulier : les femmes Alsaciennes évacuées du Nord sont suspectes et sont internées dans le Finistère et à Aurec (43).

Les féministes

Elles ont des points de vue différents. Au moment de la mobilisation, elles considèrent que la défense de la patrie est un devoir sacré. Le 17/08/1914, Marguerite DURAND organise la « grève des ventres » pour empêcher la guerre. L’union sacrée est pour une propagande active : alcoolisme, prostitution et natalité. Le 13/07/1915, il existe un noyau féministe pacifiste.

Agriculture et industrie

850 000 femmes ont commencé à diriger les fermes. Les récoltes sont diminuées à cause de la pluie et du manque de bras. Après les moissons, travail très physique, les prés sont mis en pâture. A partir de l’âge de dix ans les enfants aident. Des soldats russes prennent part aux travaux. Des Polonais, des Alsaciens, des Serbes … viennent en aide. Dans l’industrie, le gouvernement va inciter les patrons à recruter des femmes (usines d’armement).

Usines Chavanne-Brun à St-Chamond

Construction de l’arsenal de Roanne

L’usine Chavanne-Brun et l’arsenal de Roanne embauchent de nombreuses femmes. En 1917, environ 100 000 travaillent dans les usines d’armement. Elles gagnent plus que les passementières. Le travail de pyrotechnie est très difficile et très dangereux. Un syndicat féministe est créé : fortes manifestations et réunions à Roanne (avec violences) contre la guerre. Dix sept sont accusées dont trois jeunes filles. A St-Chamond, les femmes se couchent sur la voie ferrée pour empêcher le départ des maris à la guerre. Des grèves et manifestations ont lieu à Feurs et à Montbrison. Les femmes se montrent les plus virulentes.

A la fin de la guerre, Le retour des hommes démobilisés pose problème. La plupart des femmes sont licenciées sans indemnités et renvoyées dans leur foyer. Celles qui sont nécessiteuses sont gardées.

Pour les femmes, la guerre est apparue comme une parenthèse dans leur vie.

Leur droit de vote est rejeté par les sénateurs.